La culture, l’arme ultime contre Trump

Monique Simard et son groupe préparent peut-être notre seule ligne de défense contre Donald Trump.
Ce président élu aux ambitions hystériques rappelle les folies conquérantes de Napoléon Bonaparte et surtout l’invasion du Canada de 1812 par les troupes américaines. Mais il y a deux siècles, le Canada était une colonie britannique. C’est donc l’Angleterre, par pays interposé, que les États-Unis attaquaient.
Aujourd’hui, lorsque Donald Trump parle d’annexion du Canada, notre pays n’est plus une colonie britannique, mais n’est-il pas devenu une colonie américaine? Culturellement, en tout cas, c’est une colonie américaine à part entière. Une proportion importante de Canadiens – entre 15 et 20% – sont prêts à se donner corps et âme aux USA.
La télévision du ROC (le reste du Canada) est la meilleure preuve de cette situation coloniale. Moins de 5% des Canadiens regardent la CBC, seule chaîne de télévision qui présente régulièrement des séries originales en haute écoute. À cette période, les autres chaînes canadiennes s’alimentent exclusivement aux États-Unis. Comble d’ironie, la plupart des téléspectateurs canadiens sont convaincus que des séries «made in Canada» comme Rookie Blue, Letterkenny ou Heartland sont des créations américaines!
Je ne parle pas des journaux, des magazines et de la radio anglophones qui n’en ont que pour les spectacles de Broadway, le cinéma de Hollywood et leurs vedettes. Seuls quelques rares auteurs canadiens-anglais trouvent grâce auprès des médias, qui font plutôt la promotion des écrivains hors frontières.
Sans parler du hockey
Même le hockey, jadis une chasse gardée canadienne, est maintenant une affaire américaine, et notre chère coupe Stanley devient pour les quelques équipes canadiennes un Saint-Graal de plus en plus inatteignable.
Malgré cet envahissant climat yankee, le Québec a réussi jusqu’ici à garder son identité propre en raison de sa langue, puis grâce à sa culture. Mais cette culture, qui ne rayonne vraiment que depuis la Révolution tranquille, est aussi fragile que du verre.
Dans sa chronique d’hier, mon collègue Richard Martineau publiait sur la chanson québécoise des statistiques qui n’annoncent rien de bon pour l’avenir. La chanson comme la télévision furent depuis les années 1960 les révélateurs les plus significatifs de notre identité. Elles ont bâti le Québec d’aujourd’hui et lui ont donné une âme. La fréquentation de plus en plus assidue des plateformes américaines par les Québécois, en particulier par les générations plus jeunes, est loin d’être rassurante.
Il faudra des milliards
Le Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel qu’a créé le ministre Mathieu Lacombe et que président Monique Simard et Philippe Lamarre est peut-être notre dernier recours contre la lente disparition de ce que nous sommes. Il faut soutenir notre culture et faire en sorte qu’elle ait les moyens de se développer et de rayonner. Quoi qu’il en coûte! Cela peut représenter facilement trois et même quatre fois les sommes qu’on lui consacre actuellement.
Des pinottes en regard de nos investissements aveugles dans la filière batterie et d’autres aventures de même acabit!